Le Versant sud est constitué d’un ensemble de nappe-plis couchés le plus souvent en position inverse. Sa compréhension fût longue et difficile et ce n’est que depuis les années 1960 que le problème est élucidé (Arthaud et al., 1966). Par ordre d’empilement des nappes :
- nappe de Faugères.
- nappes du Mont-Peyroux, du Saint-Ponais, et du Minervois.
- nappe de Pardailhan.
- écailles de Cabrières.
Nappe du Mont-Peyroux.
La nappe du Mont-Peyroux est une nappe complexe, de par sa disposition intercalée entre les autres nappes, sa structuration tectonique interne (deux phases de plissement), et son recouvrement par les écaille de Cabrières.
Une première phase tectonique structure la nappe est un grand pli couché (pli B1) présentant un flanc inverse de Berlou à Saint-Nazaire de Ladarez, et un flanc normal de Saint-Nazaire à Laurens (Engel et al., 1978). Une deuxième phase tectonique crée des structures d’axe EW (plis B2) avec une antiforme autour de Vieussan et une synforme au S de Roquebrun.
schéma général (Engel et al., 1978) | coupe dans la partie occidentale de la nappe (Demange, 1997) |
antiforme de Vieussan | synforme de Roquebrun : Dévonien au N, Ordovicien au S |
Stratigraphie : l’unité présente un très bel exemple régional d’Ordovicien inférieur, Dévonien et Carbonifère inférieur. Hormis sa base (Formations du Val d’Homs et de Cabot), l’Ordovicien inférieur est au presque complet, de la Formation de Saint-Chinian à la Formation du Landeyran. C’est entre Vieussan et Cessenon qu’il est régionalement le plus étendu et se prête au mieux à l’analyse stratigraphique et paléontologique. Le Dévonien est au plus complet, en particulier dans la montagne du Mont-Peyroux (Feist, 1977), et la présence de deux GSSP témoigne de sa représentativité. Il repose en discordance régionale sur l’Ordovicien inférieur. Le parcours des différents affleurements permet de montrer que la discordance est angulaire. Le Carbonifère inférieur présente ici une importante sédimentation de type flysch. Dans la partie supérieure, l’effondrement syn-sédimentaire crée des olistholites, les écailles de Cabrières (Engel et al., 1980).
Nappe du Minervois.
La Nappe du Minervois, située tout à l’W, est relativement modeste en superficie par rapport aux autre nappes, mais présente une stratigraphie et une structuration qui la rende importante. Elle est constitué de trois unités, du N au S : Unité de Fournes, du Minervois central et de l’Abeuradou.
d’après BRGM
Unité de Fournes.
L’unité se présente globalement comme une synforme. Le matériel est Cambrien inférieur/moyen et Dévonien. La particularité de cette unité est que le niveau de discordance du Dévonien est au plus bas : là où en général il s’effectue sur l’Ordovicien inférieur, il atteint ici le Miaolingien voire le Cambrien inférieur. Cela témoigne du caractère fortement proximal de l’unité.
Unité du Minervois central.
L’unité se présente comme un grand pli couché à l’horizontale. Selon sa position, on parcourt le flanc normal ou inverse.
Stratigraphie : le Cambrien inférieur (Formations de Marcory, Pardailhan, Lastours, Pont de Poussarou) est très bien représenté. Le Miaolingien (Formations de Coulouma, Ferrals, La Gardie) est par contre moins représentatif. Le Furongien est représenté par la Formation du Val d’Homs. L’Ordovicien inférieur est quasi-inexistant. En discordance régionale, le Dévonien au complet se dépose par dessus le Furongien. Il fournit des termes calcaires variés, et des marbres de grande qualité. Quelques lambeaux de Viséen couronnent le tout.
contact entre l’Unité du Minervois central (en haut) et l’Unité de Fournes (en bas), Citou |
Unité de l’Abeuradou.
L’unité est constituée par les schistes ordoviciens de la Formation de Saint-Chinian.
paysage de l’Abeuradou
Nappe de Pardailhan.
La Nappe de Pardailhan est la plus élevée dans l’ordre d’empilement. Sur son bord oriental, elle repose sur la Nappe du Mont-Peyroux, le contact se matérialise par une semelle discontinue de matériel dévonien, depuis Olargues jusqu’à Berlou.
L’analyse structurale de la nappe montre qu’elle est constituée de deux ensembles :
- le Pardailhan Nord : unité de Ferrals-Malviès (FM).
- Le Pardailhan Sud : unités de Lucarnis-Naudet (LN) et de Camplong-Poussarou (CP).
Ces unités dessinent de grands plis kilométriques présentant tantôt des flancs inverses et normaux.
coupe générale dans la nappe de Pardailhan (Echtler, 1983)
contact entre les nappe de Pardailhan et du Mont-Peyroux, |
contact entre les Pardailhan Nord et Sud (D12 près de Saint-Julien de Molières). |
Unité de Ferrals-Malviès.
L’unité se présente comme une synforme en série inverse. La synforme est symétrique dans la partie E de l’unité (Malviès). Après le décrochement d’Ardouane, le cœur composé des grès de Marcory est effondré verticalement. La synforme devient dissymétrique, beaucoup plus redressée au N où on note par exemple, la disparition des séries carbonatées. Particulièrement tourmentée dans la région du Saint-Ponais, la synforme s’élargit fortement à l’W, où les pendages sont alors moins prononcés. La terminaison W (région de Cassagnoles) laisse voir une vaste zone de schistes ordoviciens dans laquelle il pourrait exister localement une zone à série normale (Guiraud, 1965).
vallon de la Tanque (Ferrals). De gauche à droite : Formations du Pont-de Poussarou, la Tanque, Coulouma, Ferrals, en série inverse
Unité de Lucarnis-Naudet.
L’unité se présente comme une antiforme, très souvent rabotée au N par le contact sur l’Unité de Ferrals-Malviès. L’unité est très développé à l’E (Naudech) et se réduit progressivement puis disparait en allant vers l’W. Cela est dû au contact N en biseau.
Unité de Camplong Poussarou.
L’unité se présente comme un grand pli couché, déversé vers le sud. Très morcelée, elle est difficile à appréhender et demande une longue pratique du terrain. Hormis le pli principal (ordre 1), se rencontrent de nombreux plis d’ordre 2. Le résultat est la présence de partie inverse dans le flanc normal, et de partie normale dans le flanc inverse.
pli d’ordre 2 (Malibert)
L’unité contient de nombreux compartiments (fractures de Ridel), effondrés progressivement vers l’W. Dans la partie orientale le niveau d’érosion est profond et c’est le flanc inverse qui apparait. Dans la partie occidentale, l’enfoncement des compartiments amène le niveau d’érosion dans le flanc normal. L’unité montre un bel exemple d’effondrement gravitaire : de nombreux décollements internes effondrent progressivement les terrains vers le S. L’une des conséquences et la présence rapprochée, avec parfois passage brutal, du flanc inverse au flanc normal, par exemple par contact tectonique de part et d’autre d’une faille, ou par fenêtre comme au S de Coulouma (Gèze, 1949).
Schéma montrant le morcellement de la nappe de Pardailhan (Echtler & Malavieille, 1990)
disposition en flanc inverse dans la partie orientale (Echtler, 1983) |
disposition en flanc normale dans la partie occidentale (Echtler, 1983) |
Stratigraphie : la nappe de Pardailhan offre le plus bel exemple régional de Cambro-ordovicien, avec les Formations de Marcory, Pardailhan, Lastours, Pont de Poussarou, la Tanque, Coulouma, Ferrals, la Gardie, Val d’Homs, Dentelle/Cabot et Saint-Chinian.
Ecailles de Cabrières.
Lors des ultimes phases de mise en place, la partie supérieure de la nappe du Mont-Peyroux s’effondre par gravité (Engel et al., 1980). Ce secteur d’effondrement, situé à l’extrémité orientale de la Montagne noire est connu comme « les écailles de Cabrières ». Le résultat est un morcellement anarchique d’olistolithes de Dévoniens et Viséen, à semelle d’Ordovicien et Silurien. Les dernières olistolithes sont même syn-orogéniques. La taille des blocs est extrêmement variable, de métrique à pluri-kilométrique.
schéma général (Engel et al., 1980)
Cabrières et ses environs | Olistolithes de calcaires viséens (Castelsec) |